Les actions
caritatives

Escoffier fut toujours très préoccupé et révolté par l’injustice sociale. C’était un homme foncièrement bon et généreux, toujours soucieux des autres, il l’a prouvé toute sa vie. 

 

Auguste Escoffier revient sur ses valeurs qui lui étaient si chères dans ses souvenirs inédits:

"Au cours de cette période au Savoy, je recevais chaque matin la visite de deux religieuses, roulant dans une carriole attelée d'un cheval poussif, menée par un des vieux pensionnaires de leur hospice. Elles venaient prendre le marc de café, non épuisé de ses principes stimulants, les feuilles de thé n'ayant subi qu'une simple infusion, et tout le pain provenant des parures de toasts.

J'étais touché par le dévouement admirable des Petites Sœurs des Pauvres, consacrant leur existence à l'amélioration du sort des déshérités.

J’'avais pris intérêt à cette œuvre. Je pris à cœur que tout ce que l’hôtel pouvait leur donner fût particulièrement soigné et d'une propreté exemplaire ; surtout les jours où je pouvais ajouter à leurs modestes provisions le nombre respectable de 150 à 200 cailles, provenant de soupers servis la veille. Ces cailles, auxquelles ne manquaient que les blancs de poitrine, délicatement prélevés pour les clients, laissaient deux cuisses adhérentes à la carcasse! C'est justement dans cette partie que se trouve concentré le délicat fumet si apprécié des vrais amateurs de gibier. Ces reliefs, préparés au riz suivant mes indications, étaient délectables, et nos vieillards n'y étaient pas insensibles. Comme cette manne leur tombait du ciel assez souvent, ils avaient baptisé ces jours fastes leur « soirée de gala » et demandé que fût inscrit sur leur menu : « Pilaw de Cailles à la mode des Petites Sœurs des Pauvres».

Nous prenions tous les soins pour que les cailles, au sortir de la salle du restaurant, soient mises dans un seau émaillé réservé à cet usage et enfermé ensuite dans la glacière. Le lendemain, je remettais le seau aux bonnes sœurs qui me le retournaient vidé de son contenu.

Un matin, nous apprîmes que le pauvre cheval était mort, à la consternation de tous. Je devinais que le remplacement de ce cheval causait de graves soucis d'argent à la Mère Supérieure.

Je priai les Sœurs d'annoncer ma visite pour le lendemain. A l'heure dite, la Révérende Mère, personne aussi aimable que distinguée, me remercia de l'intérêt que je portais à son œuvre et de notre contribution à l'amélioration de l'ordinaire de ses vieillards.

Enfin, elle me confia son souci : elle avait bien en vue un nouveau cheval à acquérir dans des conditions raisonnables, mais il lui manquait cinq livres.

Cette petite somme lui fut remise le lendemain. Deux jours après, le nouveau cheval conduisait la modeste carriole.

L'année à peine écoulée, vint mon tour de demander service à la Mère Supérieure. Un vieux cuisinier qui avait, en son temps, connu des heures de gloire dans les meilleurs établissements de Paris, était venu échouer à Londres sans la moindre ressource.

N'étant plus en état de prendre la responsabilité d'un poste même secondaire, dans une brigade de cuisine, il n'avait d’autre perspective qu'une proche misère.

Pour ne pas laisser un ancien collègue dans une situation pénible, je le pris avec moi, lui créant une petite activité lui permettant de vivoter, mais ce ne pouvait être qu'un palliatif !!!

 J'entrevis donc la possibilité de le faire entrer chez nos petites sœurs. Je tentai une démarche auprès de la Mère Supérieure lui expliquai le but de ma visite.

« Nous n'avons pas de place disponible pour l'instant dit elle mais, qu'à cela ne tienne! Nous nous arrangerons toujours pour recevoir votre protégé ; elle ajouta avec un bon sourire : nous vous devons bien ça ! »

Trois jours après, notre vieux collègue, enchanté de cette solution inespérée, fut recueilli chez les Petites Sœurs. Il y termina paisiblement son existence.

Non seulement pendant mon séjour au Savoy, mais ensuite durant mes vingt ans passés au Carlton, j'ai continué dans la mesure de mes moyens, à procurer quelques douceurs à ces vieillards.

Hélas ! Quand je quittai définitivement l'Angleterre mes successeurs oublièrent les Petites Sœurs des Pauvres ... Plus tard, au cours d'un bref séjour à Londres, je leur rendis visite. Elles me dirent combien les vieillards avaient regretté mon départ du jour au lendemain, les cailles avaient disparu de leurs tables. De leurs« dîners de gala», il ne restait qu'une douce nostalgie."

Auguste Escoffier - Souvenirs Inédits - Editions Jeanne Laffitte

 

Les Disciples suivent donc la voie de leur maître.

Un grand nombre de manifestations est régulièrement organisé chaque année dans les Régions de France et les Pays du monde. Les bénéfices, ainsi que ceux des Chapitres et des Dîners d’Épicure, qui en sont tirés sont reversés à des associations.

 

C'est ainsi que chaque année ce sont des dizaines voir centaines de milliers d'euros qui sont reversés à diverses associations. Soit en monétaire soit en savoir faire ou en matière première. 

 

« Jamais personne ne s’adressa à lui en vain. Un de ses plus grands soucis fut d’aider les jeunes cuisiniers à débuter dans la vie. Incapable de supporter la vue de l’injustice ou de la misère, il se montra toujours secourable aux malheureux ».

 

Auguste Escoffier by Paul Thalamas, Eugène Herbodeau 1955 - Editions Practical Press L.D.T

 

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